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Éditorial
11 août 2014 13 h 30

Un bureau d’information nécessaire

Gilles Gagné

Éditorialiste

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Depuis quelques années, les gens ont changé leur façon de voyager et la planification par le biais d’outils comme l’ordinateur, la tablette électronique et le téléphone intelligent prennent une place prépondérante. Ce serait toutefois une erreur de ne plus compter sur l’être humain pour diffuser des renseignements.

Dans cette optique, la sauvegarde du bureau d’information touristique de Pointe-à-la-Croix devrait s’inscrire dans l’échelon supérieur des priorités du secteur touristique du sud de la Gaspésie et, dans une perspective plus large, de toute la péninsule.

Présentement, le bureau d’information de Pointe-à-la-Croix vivote. Le 15 juillet, seulement 13 400 $ des 35 000 $ nécessaires à son ouverture quotidienne jusqu’en octobre étaient dénichés. Bref, la Chambre de commerce de la Baie-des-Chaleurs, qui l’exploite, n’avait assez d’argent que pour en assurer l’exploitation jusqu’à la mi-août, dans un contexte d’ouverture couvrant une période de neuf heures par jour.

Le bureau de Pointe-à-la-Croix a ouvert le 1er juillet. Dans les faits, et considérant la présence de tourisme européen au printemps, c’est deux mois trop tard. Cette ouverture est survenue grâce à des interventions in extremis du député de Bonaventure Sylvain Roy, pour 5 000 $, d’une somme semblable de la MRC d’Avignon et de 3 400 $ versés par Service Canada, pour l’embauche d’un seul étudiant.

Cette situation de sous-financement s’est produite à quelques reprises depuis son ouverture il y a une quinzaine d’années. Cette fois, elle a été déclenchée par une décision de l’ex-ministre délégué au Tourisme, Pascal Bérubé, qui y a retranché une somme de 30 000 $. La coupe budgétaire a été accompagnée du retrait des ordinateurs.

L’achalandage au bureau de Pointe-à-la-Croix est élevé, l’un des trois plus élevés en Gaspésie, même en situation d’horaire tronqué qui le désavantage sur le plan statistique. En 2009, 22 000 personnes s’y sont arrêtées, et 11 500 pendant trois mois et demi en 2013. À titre comparatif, le bureau de l’ATR à Mont-Joli en a reçu 12 500 en 2013, en douze mois !

Situé au coin du boulevard Interprovincial et de la route 132, ce bureau est placé stratégiquement pour recevoir le flot régulier de visiteurs entrant en Gaspésie par le Nouveau-Brunswick. Ces visiteurs ont soit entamé leurs vacances dans les Maritimes, soit pris la route passant par Edmundston et Saint-Quentin, en provenance du centre du Québec ou des États-Unis.

Il est permis de penser qu’une ouverture à raison d’une douzaine d’heures par jour pendant quatre mois, et un horaire d’une dizaine d’heures par jour pendant six semaines, divisées aux extrémités de saison, vaudrait encore près de 20 000 visiteurs à Pointe-à-la-Croix.

Ces visiteurs arrêtent pour plusieurs raisons. Ils voyagent de façon plus traditionnelle, ils ne peuvent trouver ce qu’ils cherchent sur le web ou ils optent pour le « facteur humain ». Ils veulent parler à des gens de la place, pour découvrir des lieux qui ne sont pas touristiques à l’évidence, mais qui valent le déplacement, des petits secrets hors des sentiers battus qu’ils rapporteront comme des trésors dans leurs bagages.

Ce sont ces trésors, généralement communiqués de bouche à oreille, qui font revenir les gens.

Ce sont les bons conseils d’un préposé à l’accueil qui feront découvrir les meilleures tables aux visiteurs. Si on s’appuyait uniquement sur les conseils dénichés sur internet, la plupart des restaurants de la planète seraient uniques!

Considérant la situation frontalière de Pointe-à-la-Croix, il est clair que Tourisme Québec doit revenir sur la décision du ministre Bérubé et doter le bureau d’information de Pointe-à-la-Croix de ressources financières dignes d’en assurer une exploitation respectant le principe du bon accueil sur une plage horaire satisfaisante.

Ça prend à peine quelques dizaines de familles satisfaites pour laisser dans la région des retombées de 30 000 $. Si on prend en considération le fait qu’il y a moyen de satisfaire des milliers de familles, la décision de pourvoir suffisamment les installations de Pointe-à-la-Croix est facile à prendre.

La nécessité de doter ce bureau d’un meilleur financement devrait aussi échoir aux MRC d’Avignon, de Bonaventure et du Rocher-Percé, les autres grands bénéficiaires des services rendus à Pointe-à-la-Croix.

Les touristes viendront quand même, bureau ou pas? C’est le genre de laxisme qui crée des chutes lentes, mais durables d’achalandage, chutes qui sont si difficiles à inverser. C’est le genre d’attitude qu’il faut éviter en tourisme. La stagnation et le déclin ne sont pas des solutions pour la Gaspésie. Il faut monter. Les ressources nécessaires à Pointe-à-la-Croix sont dérisoires si on tient compte des avantages qu’elles procureront.

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