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Société
16 septembre 2014 11 h 57

Tous dans le même bateau

| L’été se termine abruptement. Depuis quelques jours, en plein cœur du port de Cap-aux-Meules, du diesel s’échappe d’un pipeline d’Hydro-Québec. De vraies questions collectives prennent la place laissée vacante par des milliers de touristes retournés chez eux.

Depuis bientôt une semaine, 33 000 litres d’eau huileuse ont été récupérés par des équipes sur place de jour comme de nuit. Ces spécialistes nettoient le bassin comme ils le peuvent, les politiciens passent voir les lieux et tentent de réconforter les citoyens. Les pêcheurs ont un accès limité à leurs bateaux et la zone de pêche immédiate est fermée à toute prise. Tous misent sur les estacades. Par dizaines, les curieux montent le grand escalier de la butte du Cap-aux-Meules et, à hauteur d’oiseau, ils observent la scène, ils tentent de comprendre. Des questions, des doutes et des craintes planent dans la communauté pendant que les enquêtes officielles suivent leurs cours. Malgré les efforts de plusieurs dizaines d’hommes sur le terrain, on ne sait toujours pas grand-chose. Où se trouve le trou à l’origine de la fuite? Comment arrêter le déversement? Comment limiter les dégâts? Comment alimenter la centrale maintenant que le conduit est défectueux? Ce qu’on sait c’est que c’est chez-nous et que ce n’est pas de la faute au voisin.

Le boss d’Hydro-Québec est venu constater la situation hier. Pendant que les bateaux des pêcheurs se font laver, lever et déménager, M. Vandal a offert ses excuses aux Madelinots et a promis que tout serait mis en place pour que la centrale continue de fonctionner. C’est le squelette même d’une consommation qui est atteint. En tant qu’insulaires nous dépendons tous de ce même diesel. On a besoin de ce pipeline ou d’un plan B pour alimenter notre centrale thermique, car le vent va virer au nord-ouest et aux Îles-de-la-Madeleine comme partout ailleurs, cet hiver, il faudra bien se chauffer. Dans les premières heures où la nouvelle du dégât s’est répandue, on a cherché le coupable. Puisque le déversement est dans l’eau du port, on a pensé aux bateaux. Ceux des pêcheurs, ceux des plaisanciers et même aux plus gros… Ceux qui ont pointé du doigt les utilisateurs du port l’ont fait trop rapidement. C’est normal, le besoin de trouver un coupable est humain. Mais voici la surprise : le coupable ne porte pas qu’un seul nom. Cette fois-ci, ce n’est pas la faute du frère d’un tel ou du deuxième voisin. Cette fois-ci, on ne peut mettre le blâme sur un équipage précis. Cette fois-ci, comme dans bien d’autres situations pas ordinaires d’insulaires… nous sommes tous dans le même bateau.